Wednesday, November 28, 2018
Press interview • Interview of Paul McCartney
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Le rockeur britannique nous a accordé une interview exceptionnelle à l’occasion de son concert à Paris mercredi soir.
Paul McCartney a 76 ans. Mais sur scène, il en a à peine 20. Comme mercredi soir, dans la géante Paris Défense Arena où il a fait vibrer près de 40 000 personnes aux sons principalement des classiques des Beatles. Près de trois heures d’un show généreux où le rockeur britannique est capable de débarquer tranquillement sur scène et de balancer direct « Hard day’s night » ou d’enchaîner « From me to you », « Michelle », « Blackbird » puis « Let it be », « Live and let die » et « Hey Jude » repris par toute salle.
Impressionnant, comme lorsqu’il vous passe un coup de fil de sa voiture alors qu’il roule dans Paris en direction de la salle. Confidences rares d’un artiste inusable.
Vous jouez près de trois heures sur scène chaque soir. Quel est votre secret ?
PAUL MCCARTNEY. Le sexe et la drogue (NDLR : il éclate de rire). Plus sérieusement, c’est toujours quelque chose qui me plaît. Vraiment. J’ai toujours des frissons en jouant de la guitare, de la basse, du piano. C’est toujours un privilège d’être autorisé à faire ça.
Comment prenez-vous soin de votre voix ?
J’alterne un concert, une journée de repos. Si j’enchaîne deux concerts, je m’arrête deux jours. Ça permet de reposer mes cordes vocales. Et puis, pour moi, la voix c’est aussi très psychologique. Je me dis toujours que ça va aller et ça se passe bien.
Vous avez des rituels avant les concerts ?
Au-delà des répétitions dans la salle, d’une réunion avec les musiciens, je passe du temps avec un traducteur pour pouvoir dire quelques mots sur scène dans la langue du pays où je joue.
Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers concerts à Paris pendant plusieurs semaines avec les Beatles à l’Olympia en 1964 avec Sylvie Vartan et Trini Lopez ?
De quelque chose de très différent des autres pays. La France a toujours été spéciale pour nous dès la première fois où nous étions venus adolescents avec John (NDLR : Lennon) en auto-stop. Ensuite avec les Beatles, à l’Olympia, on avait été surpris de jouer devant une majorité de garçons alors qu’ailleurs c’était surtout un public de filles qui criaient beaucoup. Dans la salle, c’était un peu l’émeute, les mecs ont retourné l’Olympia. Les gendarmes se sont mis à les frapper et nous sur scène on leur disait : « Arrêtez, ça va, c’est le rock’n,’roll ». On était logés à l’Hôtel George V, on se baladait sur les Champs Elysées. Et Sylvie Vartan était super sympa. On est restés amis après.
Son ex-mari Johnny Hallyday est mort il y a presque un an, vous étiez restés en contact avec lui aussi ces dernières années…
Oui. On s’est parlé quelques fois. Notamment il y a quelques années quand il avait été très malade une première fois (NDLR : en 2009). Je l’avais appelé et je crois qu’il avait apprécié. Deux de mes musiciens ont joué souvent avec lui et ils avaient de vrais liens avec Johnny. Ils étaient très tristes quand il est mort. Alors nous sommes allés au cimetière où il est enterré à Saint-Barth. Sa tombe était très belle, avec une guitare en fleurs et plein de messages des fans. C’était très touchant. Johnny était un chouette type.
Vous avez aussi travaillé avec Charlotte Gainsbourg. Vous la connaissiez ?
Non. J’avais croisé quelques fois sa mère, Jane Birkin. Mais c’est Charlotte qui m’a laissé un message en me disant qu’elle préparait un album. J’avais une chanson, je lui ai envoyée. Ça lui a plu. Elle ne l’a pas enregistrée tout de suite car elle tournait des films à ce moment-là. Mais un peu plus tard, je l’ai retrouvée en studio, j’ai enregistré des parties de guitare et de piano sur la chanson. C’était très agréable.
En écoutant votre dernier album « Egypt Station », on a du mal à croire que vous avez 76 ans.
Moi aussi. Je pense que c’est une erreur, que ma date de naissance a été falsifiée (rires). J’ai une vie équilibrée en fait. Quand je suis en tournée comme en ce moment, les conditions sont très confortables pour moi, que ce soit les voyages, les hôtels, les belles chambres. C’est comme des grandes vacances pendant lesquelles je dois bosser un peu. Mais je me sens comme un touriste finalement. Et quand je rentre à la maison, j’habite dans la campagne anglaise, dans une ferme. Je vais me balader tout seul à cheval pendant des heures… après avoir joué devant 40 000 personnes comme à Paris. J’ai besoin de cet équilibre-là. Demain par exemple (NDLR : ce jeudi), je vais à Londres avec ma femme me promener.
C’est possible de vous promener dans la rue là-bas.
Oui. Les gens m’interpellent parfois, d’autant plus que maintenant tout le monde a des appareils photos. Dans ce cas je dis gentiment : Désolé, je suis dans un moment privé, là. Si je commence à accepter une photo, je redeviens une célébrité et je n’en ai pas envie à cet instant. La plupart des gens comprennent. Et souvent c’est mieux car, comme ça, on parle. On échange davantage.
Avez-vous compris le Brexit ?
Oh vous savez, c’est dingue. Je crois que l’on en a beaucoup trop parlé. Et que c’était difficile de faire le tri au moment du vote. Juste avant le Brexit, on voyait aussi beaucoup d’images de migrants arrivant dans plusieurs pays européens en Italie, en Allemagne, en Hongrie. Je pense que beaucoup d’Anglais se sont dit : Attendez, on ne veut pas de ça. Pourquoi on ne reviendrait pas à la bonne vieille Angleterre. Mais la réalité est, évidemment, beaucoup plus compliquée.
Préparez-vous déjà un nouveau disque ?
J’écris des chansons pendant ma tournée. Je fais en sorte d’avoir des chambres d’hôtel avec un piano pour pouvoir travailler. J’enregistre ce que je compose sur mon téléphone et après je fais des premières versions dans mon studio à la maison. J’adore ça aussi, écrire, composer, enregistrer. J’arrêterai quand je n’apprécierai plus tout ça, comme un joueur de foot qui se dirait : Je ne joue plus assez bien. Ou quand j’arriverai dans une salle de concert en soupirant : Je n’ai pas envie de chanter ça ou ça. Mais pour l’instant, je m’éclate.
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